Plastiques Cachés
Ce qui passe inaperçu
En tant que matériau métamorphe (la propriété qui a permis au plastique de gagner en importance dans les années 1950), le plastique n’est pas toujours facile à repérer, car il est souvent incorporé à d’autres matériaux, comme dans le revêtement antirouille du bouchon de certaines bouteilles de verre et à l’intérieur de boîtes de conserve, dans la couche protectrice des contenants de crème glacée en carton, et dans les vestes en Gore-Tex et d’autres vêtements faits de fibres synthétiques. Comme ces plastiques cachés sont fixés ou collés à un autre matériau, ils ont l’inconvénient d’être rarement recyclés, et comme ils sont souvent d’une moindre qualité, il est impossible de les réutiliser. Les bouteilles de boissons gazeuses, les gobelets pour enfants et le manche des brosses à dents se composent visiblement de plastique. Pour ce qui est du plastique caché, c’est seulement en sachant où il se camoufle que nous pouvons en réduire, ou en refuser, l’utilisation.
Sachets de thé
Si à la vue et au toucher ça ressemble à du papier, est-ce du papier? Pas nécessairement. Les sachets de thé réguliers peuvent contenir jusqu’à 30 pour cent de polypropylène thermorésistant qui protège le papier de l’eau et, pour cette raison, ils ne sont pas complètement biodégradables. La plupart des sachets de thé en forme de pyramide sont faits de plastique, alors que certains se composent d’amidon de maïs, ce qui les rend en théorie biodégradables (on dit en théorie, car il faudra peut-être de la chaleur pour favoriser leur dégradation). Privilégiez les sachets de mousseline (coton) cousus ou, mieux encore, du thé en feuilles dans une passoire en acier inoxydable.
Laine polaire
Porter une veste confectionnée à partir de bouteilles de plastique recyclées nous donne peut-être bonne conscience, mais des recherches ont démontré que cela peut aussi avoir un impact négatif sur l’environnement et la faune. Au lavage, la laine polaire (et d’autres vêtements faits de fibres synthétiques) libère de minuscules fils qui se retrouvent dans les égouts et, au bout du compte, dans nos cours d’eau. Une étude réalisée par l’Université de la Californie à Santa Barbara pour Patagonia, fabricant de vêtements d’extérieur, a révélé qu’une seule veste de laine polaire Patagonia peut libérer 250 000 microfibres. Comme 100 000 vestes sont portées dans le monde entier chaque année, le passage à la laveuse produirait assez de plastique pour fabriquer 11 900 sacs de plastique. Ces plastiques peuvent aussi se retrouver en suspension dans l’atmosphère par l’épandage de boues d’épuration sur les champs agricoles, et aboutir dans nos poumons et, éventuellement, dans notre sang.
Lingettes humides
Les lingettes humides, comme les lingettes pour bébé, ont été qualifiées de « plus grand fléau de 2015 » par le journal The Guardian. Rien de surprenant : la plupart de ces chiffons jetables contiennent des fibres de plastique qui ne se biodégraderont pas et qui perdureront pendant des siècles dans les sites d’enfouissement. Qui plus est, ces chiffons jetables se retrouvent dans la mer et les cours d’eau, et s’échouent sur les berges. En 2014, au Royaume-Uni seulement, il y avait en moyenne 35 lingettes par kilomètre de plage, une augmentation de 50 pour cent par rapport à l’année précédente. Une fois qu’elles aboutissent dans les écosystèmes aquatiques, elles se fragmentent et ajoutent des microfibres dans les cours d’eau. Il en va de même pour les lingettes pour le visage, les chiffons humides pour la vadrouille et presque tous les autres tissus jetables pour usage personnel et ménager.
Tasses de papier, Tetra Paks
Les boîtes de lait et de jus se composent de carton, mais pour que le matériau ne ramollisse pas au contact du liquide, il est traité avec un film de polyéthylène. Cette couche de plastique qui peut composer jusqu’à 22 pour cent d’un tel contenant est difficile à réutiliser ou à recycler, car il faudrait d’abord arriver à la séparer du carton, et il est impossible de recycler le carton, car il est couvert de plastique. Les bouteilles de verre constituent un meilleur choix écologique.
Nettoyants pour le visage, gels pour la douche et exfoliants pour le corps
De nombreux produits d’hygiène personnelle contiennent des microbilles de polyéthylène qui servent d’exfoliant. Quoique les États-Unis aient interdit les microbilles en 2018 et que le Canada fera de même le 1er juillet 2019, et qu’elles ont été interdites, ou le seront, dans plusieurs pays européens, elles persistent pendant la période de retrait progressif. De plus, de nombreux pays permettent encore l’utilisation de microbilles dans les produits de beauté, alors lisez bien l’étiquette de ces produits avant de les acheter ou de les utiliser. Parmi les solutions de rechange respectueuses de l’environnement, notons le gros sel, le marc de café et les coques de noix broyées.
Cotons-tiges
Le plastique utilisé dans les cotons-tiges (Q-Tips) n’est pas caché, mais nous n’avons pas tendance à voir cet article comme du plastique. Toutefois, les tampons de coton sont fixés à chaque extrémité d’une tige de plastique qui, malgré sa taille, peut prendre une éternité à se dégrader. Choisissez plutôt des cotons-tiges dont la tige est faite de carton.
Assouplisseurs en feuilles
Les assouplisseurs antistatiques utilisés dans la sécheuse sont aussi à base de pétrole. De plus, comme bien des lingettes humides, ils contiennent des produits chimiques qui pourraient être nocifs pour la santé humaine.
Autres plastiques invisibles
Les sacs à café et les emballages qui ressemblent à du papier d’aluminium se composent de plastique, tout comme les étiquettes sur les bananes, les poivrons et les pommes. (Dans le cas des bananes, il faut enlever l’étiquette avant de mettre la pelure au compost.) Quant aux reçus d’épicerie et autres reçus de caisse, ils se composent souvent d’un mélange de papier et de plastique.
Le saviez-vous?
« La gomme à mâcher contient du plastique et peut être nocive pour la faune », dit Vito Buonsante de Environmental Defence, une organisation environnementale sans but lucratif basée à Toronto. « De plus, cracher sa gomme à mâcher dans la rue crée de la pollution et les municipalités doivent alors procéder à des activités de nettoyage coûteuses. » Dans les années 1950, quand les résines synthétiques, comme le polyester et le vinyle à base de pétrole, ont commencé à faire fureur, les résines de gomme à mâcher naturelle, comme le chiclé, utilisé par les Aztèques, et le mastique, mâché par les anciens Grecs, ont été remplacées par de la gomme à mâcher à base de résines synthétiques non biodégradables.
Faites votre part
Soyez à l’affût des gommes à mâcher sans plastique dont la variété s’accroît lentement et qui, pour le moment, se trouvent avant tout dans les magasins d’aliments naturels. Et jetez votre gomme à la poubelle, pas dans la rue. Encore mieux, ayez sur vous une brosse à dents de bambou pour un brossage rapide après un repas sur le pouce et lorsque vous êtes en voyage.