Les problèmes que pose le plastique dans les océans et les voies navigables
2050…année où le Forum économique mondial prédit qu’il y aura plus de plastique dans les océans que de poissons, en poids.
Voici une statistique qui fait peur : Chaque année, au moins huit millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans de la planète. Environ 80 pour cent des déchets de plastique marins proviennent de sources terrestres et leur quantité a augmenté exponentiellement au cours des dernières décennies. Algalita Marine Research and Education, basé à Long Beach en Californie, estime que pour tout nettoyer, les bénévoles devraient récurer nos côtes trois fois par jour, chaque jour de l’année. Comme le volume de déchets de plastique est si grand, le Forum économique mondial a prédit que d’ici 2050 il y a aura plus de plastiques dans l’océan que de poissons, en poids. Et dans une étude récente à long terme sur la pollution des océans par le plastique (la plupart des études à ce jour ont examiné l’ingestion de plastique par les animaux à court terme), des scientifiques de l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas ont pu démontrer pour la première fois que les macroplastiques, comme les sacs à emplettes et à ordures, et d’autres articles plus gros, constituent un fléau de notre époque dont le volume augmente depuis 60 ans.
Macro versus micro
Parmi les macroplastiques, visibles à l’œil nu, notons les bouteilles et les jerrycans; l’équipement de pêche, les cordages et les filets; les seaux et les chaudières et un nombre infini d’autres articles. Dans les océans, ils tendent à se regrouper dans de gigantesques amas de déchets transportés par les cinq principaux tourbillons océaniques de la planète (de forts courants dans les océans). Ces épaves flottantes peuvent s’échouer sur les rivages, demeurer dans les courants océaniques ou se déposer au fond de l’océan. Peu importe leur devenir, elles ont souvent des conséquences mortelles pour la vie marine. Les tortues, par exemple, confondent les lingettes humides et les sacs de plastique avec des méduses, les mangent et meurent. Les mammifères, y compris les baleines et les otaries, s’y emmêlent et se noient, et tout comme les tortues, ils confondent le plastique avec des aliments. Comme le plastique bloque leur système digestif, cela entraîne de la douleur et les animaux meurent de faim. Nous avons observé le phénomène de ces baleines échouées plusieurs fois récemment et, à la nécropsie, on a pu voir que leur estomac était rempli de sacs de plastique. On trouve les déchets de plastique aussi loin que dans l’Arctique et même dans les créatures des fosses en eau très profonde, comme la fosse des Mariannes, à plus de 10 000 mètres de profondeur. Non seulement nos dangereuses habitudes bloquent le système digestif des animaux, mais nos villes sont aux prises avec des inondations à cause des déchets de plastique qui bloquent les égouts.
Il faut s’inquiéter pour des riens
Ironiquement, ce sont les plus petites particules de plastique qui posent l’un des plus grands dangers pour nos voies navigables. Aujourd’hui, les microfibres synthétiques composent la plus grande partie du plastique qui se retrouve dans les océans, les lacs et les rivières. Les plages à proximité des points de sortie des eaux usées sont pleines de microfibres qui proviennent de tissus synthétiques. Contrairement au coton et à la laine, elles ne sont pas biodégradables et peuvent libérer des métaux, ainsi que se fixer à des polluants, comme des retardateurs de flammes et des pesticides, et former des molécules toxiques qui sont ingérées par le plancton et d’autres microorganismes, et aussi par des huîtres et d’autres crustacés.
Le polypropylène est un plastique qui entre souvent dans la confection de la laine polaire et des vêtements d’athlétisme. Lorsqu’il se dégrade en plus petits morceaux, les produits chimiques et les polluants organiques persistants ont une plus grande superficie où se fixer. Quand des poissons mangent le plancton qui a consommé ces particules, par exemple, ils ingèrent aussi les polluants. Conséquemment, il n’y a pas que le plastique en lui-même qui est nocif, mais aussi les produits chimiques qu’il contient ou ceux qui s’y fixent et dont la concentration s’accroît en montant la chaîne alimentaire, jusqu’aux humains. Et une fois que les microplastiques s’enfouissent dans les sédiments lacustres, ils y restent et causent des problèmes à très long terme. Selon une étude réalisée par l’Université de Toronto, des granules de plastique s’accumulent dans le lac Ontario depuis environ 40 ans, alors nous ignorons toujours quel sera l’effet à long terme.
Le saviez-vous?
Le problème du plastique dans les océans tend à nous faire ignorer ce qui se passe dans les Grands Lacs, mais ceux-ci pourraient subir le même sort que les océans et contenir une concentration de plastique aussi élevée. Chaque année, environ 10 000 tonnes de plastique sont déversées par inadvertance dans les Grands Lacs; 80 pour cent de tous les déchets dans ces voies navigables se composent de plastique, comme des bouteilles et des bouchons, des tasses à café et des sacs à emplettes. Dans le lac Ontario seulement, il y a 6,7 millions de particules de plastique au kilomètre carré.
Faites votre part
Quatre façons faciles pour contribuer à empêcher le plastique de polluer nos voies navigables
- Ayez avec vous une gourde ou une tasse réutilisable; remplissez-la à la maison, dans un café ou au restaurant.
- Dites non au plastique à usage unique, comme les ballons, les pailles et les sacs à épicerie.
- Si vous voyez des déchets de plastique, ramassez-les et mettez-les aux ordures ou au recyclage. Les déchets descendent les pentes ou coulent en aval et se retrouvent au bout du compte dans nos voies navigables, à moins de les arrêter.
- Joignez-vous à une corvée de nettoyage des berges ou organisez-en une. La plupart des municipalités fourniront gratuitement des gants et des sacs à ordures.