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Prendre position contre la pollution plastique du lac Ontario

Rochelle Byrne, 33 ans, prend le large à partir de Kingston le 1er juillet pour entreprendre son périple. (Photo : Chelsea Brash)

Sur le long des rives du lac Ontario, vous pourriez remarquer une femme sur une planche à pagaie à l’allure déterminée et tenace. Cette femme se nomme Rochelle Byrne, et elle pagaie au nom d’une cause : accroitre la sensibilisation concernant la présence de pollution par le plastique qui a envahi le lac Ontario

Son voyage de 420 kilomètres, à partir de Kingston jusqu’à Niagara-on-the-Lake, fait partie du programme Love Your Lake (aimez votre lac) de A Greener Future (un avenir plus écologique), un organisme à but non lucratif fondé par Rochelle qui mène des nettoyages en Ontario. Au cours des cinq dernières années, A Greener Future a ramassé près de 1,5 million de déchets et il vient tout juste de terminer son 1 000e nettoyage plus tôt ce mois-ci. 

Bien que le programme Love Your Lake comprenne habituellement 100 nettoyages effectués par environ 500 bénévoles lors des mois d’été, la pandémie de COVID-19 a interrompu cette tradition et a limité ces activités de nettoyages aux membres de l’organisme. C’est pourquoi Rochelle affirme avoir décidé de faire preuve de créativité pour rehausser la sensibilisation. 

Puisque A Greener Future connait les emplacements entre Niagara-on-the-Lake et Kingston, Rochelle révèle que le fait de naviguer sur l’eau en suivant ce parcours semblait être une étape naturelle. La pandémie a entraîné la fermeture de l’accès aux plages où les bénévoles faisaient normalement leurs nettoyages, mais Rochelle souligne qu’il est beaucoup plus facile de pagayer sur le long des rives et de ramasser le plastique de cette façon. 

« C’est formidable d’accéder aux côtes et aux zones auxquelles vous n’auriez pas normalement été capable de vous rendre, soutient-elle. Vous voyez vraiment la nature d’une différente perspective. »

Le jour de la fête nationale, Rochelle prenait le large sur sa planche à bras. Deux semaines plus tard, le 15 juillet, elle quittait Cobourg et dépassait la mi-chemin de son périple de 420 kilomètres, à la vitesse de 35 kilomètres en sept heures. Tant que les conditions météorologiques le permettent, elle s’efforce de pagayer entre quatre et huit heures chaque jour, scrutant les rives à la recherche de plastique. 

« Je vois souvent du plastique sur le long des berges, mais je ne peux pas le ramasser, dit-elle. Mon équipe au sol a fait des nettoyages sur le long de la côte tandis qu’elle me suivait et elle a recueilli plus de 36 400 déchets. »

Pendant que Rochelle se promène sur sa planche, A Greener Future présente sont parcours à l’aide d’une carte en direct intégrée sur le site Web. Son expédition de planche à bras est documentée au moyen de mises à jour sur les médias sociaux, de jeux-questionnaires interactifs et de jeux portant sur la réduction des déchets, tous visant à renforcer la sensibilisation pour cette campagne. 

Bien sûr, le voyage de cette aventurière ne s’est pas déroulé sans difficulté. Ramer contre le vent et les vagues peut s’avérer ardu, la chaleur d’été peut être déshydratante et les avertissements d’orages peuvent prolonger les jours de pagaie. Toutefois, Rochelle affirme que les défis sont ce qui rendent les expériences palpitantes. 

« J’ai entrepris des épreuves comme celle-ci auparavant, et j’aime l’aspect d’endurance, révèle-t-elle en expliquant qu’elle a escaladé le Camino de Santiago (route Saint-Jacques de Compostelle) en Europe quelques fois, ce qui représente un itinéraire de 790 kilomètres. La pagaie sur de longues distances s’avère toujours beaucoup plus difficile que je ne l’aurais imaginé. Je savais que cette aventure serait exigeante, mais que je serais capable de la réaliser avec succès. »

Le lac Ontario fournit la source d’eau potable à plus de neuf millions de personnes, et puisque nombre de personnes dépendent du lac pour leur travail ou leurs activités récréatives, Rochelle soutient que la protection de cette importante étendue d’eau devrait figurer dans notre liste de priorités. 

« Le lac Ontario est une richesse que bien des gens tiennent pour acquise, indique-t-elle, donc la traversée du lac à la planche à bras vise à attirer l’attention des gens et, ensuite, à les amener à écouter notre message. »

Paul Whitaker, un bénévole, ramasse des débris de pollution plastique au parc Trillium de Toronto. (Photo : Chelsea Brash)

De gros morceaux de déchets ont été trouvés dans le lac Ontario et ceux-ci peuvent étouffer les animaux, endommager les habitats et libérer des produits chimiques nocifs dans l’eau. Or, au fur et à mesure que le plastique se défait en plus petits fragments, il n’est pas toujours facile de repérer la pollution. Ces petits fragments, connus sous le nom de microplastiques, peuvent également occasionner des effets nocifs sur les animaux et les écosystèmes, contaminant ainsi toutes les espèces de la chaîne

« C’est la particularité de la pollution plastique : vous ne pouvez pas toujours la voir, note Rochelle. Les microplastiques représentent un énorme problème, même dans le lac Ontario. Mais, bien que nous ne puissions pas la voir, elle nous touche tous à long terme. »

Rochelle souligne que nous ne possédons pas la technologie pour filtrer les microplastiques et les écarter de notre eu potable, ce qui veut dire que nous sommes également exposés aux effets néfastes de ces pollutants. 

« Il est considérablement plus simple de protéger une étendue d’eau que de la nettoyer après qu’elle ait été polluée, précise-t-elle. En prenant des mesures maintenant, nous avons de bonnes chances de prévenir l’augmentation de la pollution et de trouver des technologies qui peuvent retirer les microplastiques déjà présents dans l’eau. »

Rochelle dit espérer atteindre Niagara-on-the-Lake le 26 juillet, presque un mois après sont départ de Kingston. Elle affirme envisager d’entreprendre une épreuve semblable à celle-ci à l’avenir, mais la prochaine fois, elle choisirait des tronçons précis, car certaines parties de son parcours actuel ne lui permettent pas de s’arrêter et sortir de l’eau. De plus, elle tenterait de trouver d’autres pagayeurs-planchistes pour l’accompagner dans son voyage.