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Où le Canada expédie-t-il ses déchets?

Les déchets de l’un sont les trésors de l’autre. Ainsi va ce vieil adage. Toutefois, en ce qui concerne les déchets canadiens expédiés outre-mer, de plus en plus de pays refusent de les accepter. Alors où vont-ils? Et pourquoi?

Avant janvier 2018, le Canada exportait environ la moitié de ses matériaux de recyclage en Chine qui elle-même importait environ 45 pour cent des déchets de la planète. Le gros du plastique importé était principalement incinéré, alors que les matériaux de valeur étaient extraits aux fins d’utilisation. Voilà quelle était la situation jusqu’au début de 2018 quand la Chine a interdit l’importation de 24 types de déchets solides, y compris le papier non trié et de nombreux types de plastique, comme celui utilisé pour fabriquer des bouteilles de plastique.  

En raison des changements aux politiques en Chine, la plupart des déchets de la planète sont maintenant expédiés vers d’autres nations en Asie du Sud-Est. Ces pays ont souvent une réglementation environnementale peu rigoureuse et les déchets sont éliminés par déversement ou par incinération, ce qui fait que les coûts d’élimination dans ces pays sont bien moindres.

La Malaisie reçoit maintenant la plus grande part du flux de déchets, selon Greenpeace et Reuters. En 2016, elle a accepté 168 000 tonnes de déchets et, dans les six premiers mois de 2018, ce volume a augmenté à 456 000 tonnes.

Le Canada et d’autres pays expédient maintenant des déchets en Malaisie, en Indonésie, au Vietnam et aux Philippines, mais ces pays s’inquiètent de plus en plus que les coûts environnementaux pèsent plus lourd dans la balance que les revenus qu’ils tirent de l’importation de déchets.  

Comme un grand pourcentage des déchets importés se compose de déchets municipaux mixtes qui ne peuvent pas être recyclés, le gros de ce volume finit par être incinéré illégalement sur le bord des routes et déversé dans des sites d’enfouissement non réglementés, où il y a libération de vapeurs très toxiques, ou bien il est déversé dans des rivières pour aboutir finalement dans l’océan.

De nombreuses nations asiatiques prennent maintenant exemple sur la Chine et disent non à l’importation légale de déchets, mais le commerce illicite demeure un grand problème.

Même si le gouvernement canadien n’a pas octroyé de nouveaux permis aux entreprises canadiennes pour l’expédition de déchets outre-mer depuis que la réglementation a changé il y a trois ans, des déchets se retrouvent tout de même à l’étranger.

En 2018, le Canada a exporté 101 131 tonnes de déchets plastiques, avant tout à des courtiers en recyclage américains qui les revendent ensuite à des entreprises outre-mer. Une fois que des déchets canadiens entrent aux É.-U., il n’y a aucun mécanisme de suivi et leur devenir est donc un mystère. Apparemment, ils sont souvent mélangés avec des déchets américains et expédiés en Asie.

Comme de plus en plus de pays asiatiques bloquent l’importation de déchets en provenance d’Amérique du Nord, ou tentent de retourner des déchets contaminés, une plus grande proportion de nos déchets sera déversée dans des sites d’enfouissement. Jusqu’à 2,8 millions de tonnes de déchets, l’équivalent de 24 fois le poids de la tour du CN, se retrouvent maintenant dans des sites d’enfouissement canadiens. Il n’y a aucun marché actuellement pour bon nombre des matériaux collectés à des fins de recyclage.

Les Canadiens produisent 3,25 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année. Nous réussissons à détourner des sites d’enfouissement moins de 10 pour cent du plastique que nous jetons, mais nous n’arrivons pas à recycler l’ensemble de ce volume détourné.

Il est difficile d’avoir une ventilation juste des voies d’exportation des déchets au Canada, car les villes éliminent les déchets de façon différente. À Vancouver, par exemple, les contenants de plastique, les sacs de plastique et le suremballage restent en Colombie-Britannique où une entreprise locale de Vancouver transforme les matériaux en granules pour en faire de nouveaux emballages et autres produits. Le verre, quant à lui, est expédié à Abbotsford pour être transformé en nouvelles bouteilles, et à Quesnel pour être transformé en matériaux de sablage. Les contenants de métal sont vendus dans des marchés en Colombie-Britannique, en Ontario et aux États-Unis, et peuvent être recyclés en de nouveaux emballages, comme des boîtes en aluminium, et en métal en feuille pour la fabrication automobile. L’emballage en mousse est recyclé localement à Vancouver ou outre-mer, et est transformé en divers articles, comme des cadres à photos et des moulures couronnées.

La capacité maximale du site d’enfouissement de Vancouver est de 750 000 tonnes de déchets par année. La limite est souvent dépassée et l’excédent est exporté dans des sites d’enfouissement à Washington et en Oregon. En Ontario, l’excédent de déchets municipaux est envoyé dans des sites d’enfouissement au Michigan.

La Colombie-Britannique est à l’avant-garde au Canada en raison de l’adoption d’une loi qui a transféré la responsabilité du recyclage aux entreprises qui produisent les déchets, un principe appelé « responsabilité élargie des producteurs ». Recycle B.C., un organisme sans but lucratif, a assumé la responsabilité du recyclage des déchets dans la province il y a environ cinq ans. Comme l’organisme vise à limiter les niveaux de contamination, ses produits recyclés sont habituellement de meilleure qualité et, en conséquence, plus faciles à vendre.

Quoique la plupart des Canadiens l’ignorent, les gouvernements municipaux sont dégagés de toute responsabilité une fois que le contenu d’une boîte bleue est vendu à une entreprise de recyclage. Le traitement des déchets et du recyclage est principalement l’affaire de l’industrie privée au Canada. Les entreprises de recyclage canadiennes recueillent les matériaux des programmes municipaux, les trient et les lavent, et les compriment en plus petits cubes. Ensuite, ces cubes sont mis aux enchères. Par la suite, les municipalités n’ont aucune façon de savoir où les matériaux s’en vont et n’ont aucune responsabilité en la matière.