Un inventeur ontarien cherche à repenser le processus habituel du recyclage du plastique
L’inventeur ontarien Wayne Conrad a conçu une machine qui non seulement recycle le plastique, mais le transforme en produits finis à recycler encore et encore.
Ne faisant que six à huit pieds de long, la machine consomme la même quantité d’énergie qu’un radiateur électrique. Elle effectue le déchiquetage, le nettoyage et l’extrusion de déchets de plastique pour finalement expulser un produit fondu collant avec lequel fabriquer de nouveaux matériaux – comme des revêtements de maison ou des dalles de pavé en plastique.
Conrad, détenteur d’environ 600 brevets et fondateur de l’entreprise de technologie durable Omachron, voit le plastique comme une ressource, plutôt qu’un déchet. « J’ai toujours pensé que nous devions miser sur la durabilité », dit Conrad. « Et je me suis toujours dit que la durabilité pouvait être une façon de faire de l’argent. »
L’appareil de Conrad consomme 90 à 95 pour cent moins d’énergie que les installations de recyclage habituelles et, en conséquence, son fonctionnement est moins coûteux. « Voilà ce qui explique en bonne partie le peu d’énergie et les faibles coûts associés à la transformation directe de vieux déchets en produits finis », dit-il. De plus, la machine recycle une variété de plastiques, comme les bouteilles d’eau et les sacs de plastique que l’on pourrait transformer en planches de plastique ou en bardeaux de toiture. Elle peut même recycler des mélanges de plastiques.
De nombreuses machines de recyclage traditionnelles utilisent aujourd’hui la technique de compression-cisaillement. Essentiellement, un baril comprime et chauffe le plastique. Mais la présence éventuelle de vapeur d’eau dans ce système pose problème, car elle peut entraîner la formation de bulles et d’imperfections dans le produit. La machine de Conrad n’utilise pas la compression-cisaillement, mais plutôt une chaleur douce qui évacuera toute vapeur d’eau. Le fait de chauffer le plastique garantit aussi l’absence de points chauds – des zones où la chaleur est plus élevée que la moyenne – qui pourraient dégrader les molécules de plastique. De la sorte, il est possible de recycler le même plastique au moins dix fois.
« Après dix fois, nous aurions peut-être pu continuer », ajoute Conrad, avant de rire. « C’est juste qu’il y avait des limites à l’argent que je pouvais dépenser pour la recherche. »
Cela fait des décennies que Conrad travaille à cette technologie. « J’y travaille depuis bien avant que cela ne devienne un sujet d’actualité, mais il faut souvent beaucoup de temps pour développer correctement une technologie et la porter véritablement à maturité », explique Conrad. « Je suis sur le point de finir. Et comme j’ai réalisé des essais pendant longtemps, je peux maintenant lancer le produit sur le marché et déposer des brevets. »
Conrad a pour objectif de raviver la fabrication durable dans les collectivités canadiennes. Il espère que des entrepreneurs pourront investir dans sa machine et ainsi permettre à de petites entreprises de recycler et de créer de nouveaux produits à partir de déchets issus de leurs propres collectivités. « Comme ces machines sont petites, économiques, assez légères et faciles à gérer », explique Conrad, « nous allons redynamiser les petits entrepreneurs et la fabrication distribuée à petite échelle. Et nous croyons que c’est emballant, car nous créons des emplois pour un segment marginalisé du marché. »
La clé, note Conrad, c’est de voir le plastique comme une monnaie d’échange. Il s’agit d’une matière première qui peut se déplacer entre les collectivités tant et aussi longtemps que des entrepreneurs locaux peuvent fabriquer des produits dont une région a besoin. Selon Conrad, dans le contexte de la conversation sociétale plus large sur l’utilisation durable du plastique, le monde est prêt à accueillir la technologie mise au point par son entreprise.
La machine à recycler le plastique n’est que l’une des inventions de Conrad – il a déposé des brevets pour une pléthore de technologies durables emballantes qui seront annoncées dans les prochains mois. « J’ai toujours eu bon espoir que le temps viendrait où le marché serait intéressé par ce que nous faisons », dit-il. « Il y a plusieurs années, quand je parlais de tout ça aux gens, ils levaient les yeux au ciel et me trouvaient, disons, un peu bizarre. Nous devons vraiment faire plus avec moins : moins d’énergie, moins de matériaux, moins de déchets. »