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En voilier autour du monde pour étudier le plastique dans les océans

Sheri Bastien pagaie au large de la côte de Hoddevika, sur la côte ouest de la Norvège. (Photo : avec la permission de Sheri Bastien)

Sheri Bastien est une chercheuse canadienne en santé publique à l’Université norvégienne des sciences de la vie, à Ås. Elle lèvera bientôt les voiles dans le cadre de eXXpedition, une expédition en voilier autour du globe, exclusivement féminine, qui vise à étudier la pollution plastique et les toxines dans les océans et à sensibiliser les gens en la matière. Elle a parlé à 10 000 Changements de ce qu’elle espère accomplir pendant son segment du voyage. 

C’est quoi eXXpedition? 

Il s’agit d’une expédition scientifique de deux ans à laquelle participent 300 femmes. Je participe au cinquième segment, du 11 au 22 décembre, d’Aruba à Panama en passant par les îles San Blas. Nous allons prélever des échantillons de microplastique de surface à l’aide d’un chalut. Manta (système d’échantillonnage avec filet flottant remorqué par un bateau) et les analyser à bord. Nous allons aussi prélever des échantillons d’eau dans la portion supérieure de la colonne d’eau à l’aide d’une bouteille Nansen (appareil de métal ou de plastique rigide qu’on fait descendre à une profondeur déterminée à l’aide d’un câble). Finalement, nous allons prélever des échantillons de sédiments plus près de la côte. Conséquemment, nous examinons la présence de microplastique dans tous les aspects différents de l’océan. 

La première partie de eXXpedition consiste à mener des recherches scientifiques fondées sur les solutions. Les autres volets de ce projet, qui suscitent chez moi un intérêt tout particulier, consistent à remettre en question et à changer les perceptions à l’aide de notre expérience en tant que plateforme sensibiliser et habiliter d’autres personnes à agir localement, en vue de créer une communauté d’agents de changement qui inspirent d’autres personnes à se rallier à la cause. 

Qu’est-ce qui vois a amené à participer à eXXpedition?

Au fil de ma carrière, j’ai toujours été à l’affût de possibilités qui marient aventure et science. Alors que j’étais chercheuse postdoctorale à l’Université de Calgary, j’ai participé à une école de terrain en santé mondiale dont les participants sont allés étudier la santé humaine et animale pendant un mois dans le Serengeti en Afrique. J’ai fondé le Project SHINE dans l’objectif de travailler avec des jeunes pour mettre au point des façons simples et peu coûteuses d’améliorer l’assainissement et l’hygiène dans les pays à revenue faible et intermédiaire. Quand j’ai vu la demande de membres d’équipage pour eXXpedition, cela a tout de suite piqué mon intérêt, car j’avais souhaité modifier le Project SHINE pour mobiliser plus largement les jeunes au sujet du plastique dans les océans. Il était donc tout naturel que je participe à l’expédition. 

Quel est votre objectif pendant eXXpedition?

Je ne suis pas une spécialiste des plastiques dans l’océan, mais je vois cette expédition comme l’occasion d’en apprendre davantage et d’être inspirée par mes collègues à bord. J’aimerais aussi me servir de l’expédition comme d’une plateforme pour mes recherches futures sur la mobilisation plus large des jeunes et des communautés. La décembre 2021-2030 a été proclamée Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable et je me suis déjà inscrite à certains événements où je pourrai participer à des dialogues stratégiques de haut niveau. Conséquemment, je souhaite vraiment tirer profit de cette expédition pour m’investir dans la cause.

Que peuvent faire les gens pour participer à la lutte contre le plastique dans les océans?

Nous devons éviter la paralysie d’analyse, l’effet du témoin et d’autres formes d’apathie. Il est important que les gens se mobilisent et se rendent compte que les plus petites actions, même à l’échelle de l’individu et du ménage, ont un effet puissant. Je n’avais pas entendu parler de l’initiative 10 000 Changements et c’est tellement important de faire comprendre aux Canadiens que des choix conscients, même les plus petits, peuvent avoir un effet d’entraînement énorme.